Logiciel Libre, gratuit, propriétaire ou Open Source ? Difficile de faire la distinction que l’on est un néophyte. Mais qu’est ce qu’un Logiciel Libre d’ailleurs ? Est-il toujours gratuit ? En quoi est-il différent d’un logiciel Open Source ? Le Logiciel Libre représente un véritable mouvement au sein de l’informatique. Il correspond à une certaine idéologie et n’est pas une simple méthodologie de développement. Iakaa fait le point sur les différents courants du monde du logiciel et vous aide à comprendre les différentes philosophies qui l’agitent.
Le principe de l’Open Source
Open Source est un terme créé par Christine Peterson. Dans le cas de l’Open source, le code source du logiciel est disponible et accessible. Mais contrairement au Logiciel Libre, l’Open Source désigne plus une méthodologie de travail qu’une philosophie. Le terme Open Source désigne un logiciel créé en collaboration pour lequel les développeurs participent ensemble à la création et l’amélioration du code source. En rendant le code accessible à tous, les défauts et failles de sécurités sont rapidement corrigés par des développeurs qui agissent en coopération. Cette méthode garantit une certaine efficacité et une certaine sécurité du fait de la collaboration de nombreux développeurs. L’Open Source obéit à une logique de méthode de développement avec des enjeux pragmatiques. Il ne s’agit pas d’une pratique marginale. Cette méthode est assez courante dans le domaine de l’informatique et même les grandes entreprises, comme Microsoft par exemple, y ont recours. L’Open Source donne le droit de modifier et de distribuer le logiciel. Il dépend de l’organisation de l’Open Source Initiative.
Qu’est-ce qu’un logiciel propriétaire ?
Aux débuts de l’informatique, tous les programmes étaient accessibles aux développeurs. A cette époque, les utilisateurs n’étaient qu’une poignée de passionnés qui avaient besoin de modifier les programmes pour pouvoir les utiliser. Les logiciels sont devenus propriétaires lorsque les ordinateurs ont quitté les laboratoires et les universités pour entrer dans le monde professionnel. Des entreprises ont développé des programmes informatiques dans un but lucratif et ont donc déposé des droits sur le code de leurs logiciels, le rendant impossible à consulter et à modifier pour les utilisateurs. En effet, dans le cas d’un logiciel propriétaire, l’utilisateur n’a accès qu’à la forme exécutable du logiciel. Avec l’avènement de l’internet grand public, les utilisateurs reprennent le pouvoir et conçoivent eux-même les programmes dont ils ont besoin.
Le Logiciel Libre : définition.
Le Logiciel Libre est très souvent un logiciel Open Source dans le sens où son code est accessible et modifiable par tous et qu’il fédère l’implication d’un grand nombre d’acteurs sur un projet commun. Ainsi, il peut être utilisé, modifié et distribué par tous sans restriction. Les Logiciels Libres sont affiliés à la Free Software Foundation. Il est possible de commercialiser un Logiciel Libre, mais pas d’en avoir l’exclusivité. Les projets de Logiciels Libres sont soutenus financièrement par des militants, des utilisateurs, des entreprises ou des gouvernements. Contrairement à l’Open Souce, les Logiciels Libres ne sont pas seulement une mutualisation des connaissances de développeurs, mais une véritable philosophie avec des implications éthiques, sociales et démocratiques.
Les règles d’or du Logiciel Libre
Les règles fondamentales du Logiciel Libre ont été énoncées par Richard Stallman, fondateur de la Free Software Foundation, en 1985. La General Public Licence mise en place par Richard Stallman définit les droits des utilisateurs plutôt que les droits d’auteurs des logiciels.
- Un Logiciel Libre est utilisable pour une durée illimitée, dans tous les pays, pour tous les usages, commerciaux ou non.
- Chacun à le droit d’étudier le code du programme, de le modifier, de l’améliorer.
- Il est possible de partager le logiciel, de le donner, de le vendre.
- Celui qui utilise, distribue ou modifie un logiciel libre doit toujours permettre à d’autres de faire de même.
Deux philosophies qui défient les logiciels propriétaires.
Open Source et Logiciels Libres s’opposent aux logiciels propriétaires. Tous deux ont pour socle commun d’avoir un code consultable sous conditions. Mais attention, ils ne sont pas nécessairement gratuits. Dans les deux cas, les logiciels sont conçus par de nombreux développeurs qui participent à l’écriture du code, le corrigent et l’améliorent, si bien que personne ne peut s’en attribuer pleinement la paternité. Pour autant, il ne faut pas confondre Logiciel Libre et logiciel Open Source. S’il arrive que les deux notions se recoupent, elles ne sont pas absolument interchangeables.
Il ne faut donc pas utiliser de façon indistincte les termes « libre », « open » et « gratuits ». Certains logiciels propriétaires sont distribués gratuitement (on pense à certaines applications mobiles par exemple). Pour autant, leur code n’est pas accessible ou modifiable. Inversement, les Logiciels Libres peuvent être distribués et commercialisés par quiconque. De ce fait, ils peuvent être payants, bien que cela soit rarement le cas. Certaines entreprises privée commercialisent néanmoins des Logiciels Libres en fournissant un service supplémentaire.
Le logiciel libre est une véritable philosophie du Web 2.0.
Le Logiciel Libre répond à une certaine vision du web 2.0. Il répond à une philosophie démocratique selon laquelle les logiciels font partie intégrante du patrimoine immatériel de l’humanité. Il s’agit de défendre la liberté des utilisateurs sur une base de solidarité sociale. Contrairement à l’Open Source qui obéit à une logique pratique, le Logiciel Libre est un véritable mouvement de société. Il véhicule des notions éthiques de respect des utilisateurs et de libertés individuelles. Le Logiciel Libre s’inscrit dans une vision humaniste de la technologie. Un programme informatique, comme l’art ou la connaissance scientifique, s’inscrit dans notre patrimoine universel. De ce fait, il doit être un bien commun, consultable et modifiable par tous, pour le progrès et le bien de l’humanité.
Défendre la liberté des utilisateurs.
Le Logiciel Libre s’oppose à l’hégémonie des grandes sociétés de l’informatique, à l’espionnage des utilisateurs, à l’exploitation des données personnelles, à la restriction de l’utilisation des logiciels dans la pratique, le temps ou l’espace, aux mises à jours obligatoires… Cette vision utopiste est partagée par de nombreux technophiles et parfois certains hacktivites. Selon eux, il faut que les hommes contrôlent les programmes et non que les programmes nous contrôlent (en échappant à notre compréhension, en nous espionnant, en nous contraignant dans nos usages).
Les programmes informatiques sont de plus en plus présents dans notre vie quotidienne et ne restent plus cantonnés à nos ordinateurs. Ils sont intégrés dans nos voitures, nos maisons, dans les pacemakers, les objets connectés, les banques… Il est donc nécessaire que les citoyens puissent avoir un contrôle sur les logiciels qu’ils utilisent. En raison de l’inquiétude face à la récolte grandissante des données personnelles, de plus en plus d’utilisateurs optent pour les logiciels libres ,ce qui implique de nouvelles habitudes de consommation. Par exemple, certains internautes tentent de ne plus utiliser les services et logiciels proposés par Google.
Pourquoi passer aux logiciels libres ?
Si une grande majorité de la population n’a pas la connaissance et les capacités nécessaires pour modifier le code d’un Logiciel Libre, il est tout de même fondamental de s’y intéresser.
- Pour que des développeurs indépendants puissent avoir un regard critique et une influence sur les logiciels que nous utilisons chaque jour
- Pour que les grandes entreprises du web et de l’informatique n’aient pas un monopole absolu.
- Pour protéger notre vie privée et nos données personnelles.
- Pour soutenir un idéal démocratique et collaboratif du web 2.0.
- Pour favoriser l’innovation, la créativité, l’invention, la liberté.
- Pour contribuer à la neutralité du Net, qui consiste en la non discrimination des flux sur le réseau mondial.
- Pour éviter les problèmes de restriction, d’incompatibilité et de sécurité.
- Pour permettre de combiner les logiciels et de bénéficier des évolutions sans être obligé d’attendre que l’éditeur fournisse une mise à jour avec les correctifs et améliorations nécessaires.
Selon certains, les brevets sont une notion non-applicable dans l’univers numérique. Les logiciels propriétaires décourageraient l’innovation et la créativité et favoriseraient les géants de l’informatique.
Exemples de logiciels libres : Mozilla Firefox, VLC, Linux, Gimp, Mozilla, Open Office…
Web 2.0. , liberté et DIY
Le Logiciel Libre a entraîné d’autres pratiques comme l’Open Data qui consiste en la mise à disposition des ressources et données publiques, comme les données des administrations publiques et de certaines entreprises. On peut aussi noter l’apparition des licences Creative Commons qui permettent de partager, d’utiliser et de modifier certaines contenus : textes, musiques, images, photos… Le web favorise le partage et les échanges comme l’économie collaborative ou la popularité grandissante de l’impression 3D qui permet de conceptualiser, de modifier ou de produire soi-même des objets. Le Logiciel Libre participe à la philosophie du web 2.0. participatif, il s’inscrit dans la culture Do It Yourself et permet au plus grand nombre d’avoir accès au savoir et d’y contribuer.
Les codes des Logiciels Libres ont un caractère public inaliénable. Ils participent à la mutualisation des connaissances et compétences. L’internet grand public facilite le travail coopératifs à distance et Logiciel Libre s’inscrit dans un processus d’apprentissage collectif.
Le logiciel libre repose sur la collaboration.
Le projet GNU, système d’exploitation libre, né en 1984 est créé par Richard Stallman, hacker au MIT et fondateur de la Free Software Foundation. GNU fusionne ensuite avec le projet Linux qui est un des meilleurs exemple de Logiciel Libre. Ce projet de système d’exploitation ouvert et modifiable est initié en 1991 par Linus Torvalds. Il s’agit d’un système d’exploitation libre développé par des centaines de programmeur volontaires. La conception est décentralisée et collaborative. Linux peut aujourd’hui s’enorgueillir de 4% du marché du PC et d’une part de marché majoritaire dans le domaine des serveurs informatiques.
Pourquoi des centaines de personnes contribuent-elles à la création d’un Logiciel Libre ? Par adhésion à la philosophie que cela induit ? Pas seulement, comme l’explique Eben Morgen. « C’est juste un comportement humain. Semblable à la raison pour laquelle nous inventons de nouveaux mots : parce que nous en sommes capables ». Créativité, jeu, plaisir, besoin de reconnaissance… les raisons pour contribuer à un logiciel libre sont diverses. Le Logiciel Libre participe au processus de mondialisation et de circulation des connaissances. Le profit n’est plus le seul moteur d’innovation et les sociétés n’ont pas le monopole de la création et de la distribution de logiciels.