Géant incontesté du web, fréquemment rappelé à l’ordre par les autorités qui dénoncent son hégémonie, Google règne sans partage sur le net et impose sa présence dans les aspects les plus intimes de notre quotidien. Google est une entreprise qui tient une place particulièrement importante dans nos vies, sûrement plus que vous ne l’imaginez. Plus qu’un moteur de recherche, Google est un mastodonte de la high-tech regroupant un nombre incroyable d’entreprises, de services et de technologies. Une question se pose alors : peut-on échapper à Google ? Est-ce seulement possible ?
Trouver des alternatives à Google.
Il est toujours possible de trouver des alternatives à Google pour la plupart des services qu’il propose. Heureusement le web n’en manque pas. Nombreux sont ceux qui se méfient du titan américain et qui tentent de proposer d’autres solutions. Voici comment remplacer certains services de Google.
- Google Search: Bing, Yahoo, Duck Duck Go.
- Youtube : Vimeo, Dailymotion
- Gmail : Hotmail, Outlook
- Google Chrome : Firefox, Opera, Internet Explorer
- Android : Windows phone ou iOS.
- Google Traduction: N’importe quel autre traducteur proposé sur la plateforme Lexilogos. Pour une fois Google ne propose pas le meilleur service. Les traductions de Google Traduction sont médiocres.
- Picasa: Flickr
- Google Map: Mappy, Bing cartes, OpenStreetMap
Si vous voulez vraiment vous défaire de Google, pensez à supprimer régulièrement vos cookies. Ils permettent à Google de connaître vos habitudes de navigation. Même si vous ne pensez pas utiliser un service Google, les cookies peuvent être installés sur votre ordinateur par une des nombreuses filiales ou un partenaire de la firme de Mountain View.
Plus facile à dire qu’à faire.
Difficile de se séparer de Google. Farhad Manjoo, chroniqueur pour Slate a bien tenté de se passer des services de la firme de Mountain View, sans succès. « Google est trop bon, ses produits sont trop utiles, trop incontournables sur Internet pour pouvoir faire grand-chose sans eux. J’ai tenu moins d’une demie journée sans Google et ça a été l’enfer. » Tout ceux qui ont tenté d’échapper à l’emprise de Google, comme le blogueur Tom Herderson par exemple, ont constaté que certains services étaient difficiles à remplacer, notamment Youtube. Certes, d’autre plateformes de vidéos existent mais, moins populaires, elles ne bénéficient pas de la même richesse de contenus. Anthony Nelzin confirme cette analyse en soulignant l’efficacité du moteur de recherche Google : « Je suis incapable de trouver un remplaçant à Google Search. Beaucoup de monde parle de Duck Duck Go en ce moment, mais il est simplement moins pertinent, moins rapide et moins complet. Search est le produit original de Google et le meilleur. »
Google : leader incontesté et incontestable ?
Les services alternatifs proposent malheureusement des interfaces moins intuitives, des ressources moins riches, des services moins complets. Car Google est partout, et c’est ce qui fait sa force. Il propose toutes sortes de services et ses systèmes sont interdépendants. Ils se complètent les uns les autres, composant une véritable galaxie aux multiples ramifications. Surpuissant, sans concurrence et omniscient, Google a conditionné nos habitudes. Il représente en effet 9 requêtes sur 10 en France. Google vous aide à y voir clair dans les 3 milliards de pages que comporte le net (hors darknet bien entendu). La firme de Mountain View créée par Larry Page et Sergueï Brin à la fin des années 90 s’est imposée en moins de 3 ans comme le moteur de recherche le plus pertinent. Dans sa course à la performance tous les moyens sont bons, y compris les procédés les plus intrusifs.
Une suprématie qui nuit à la neutralité du net ?
Dans le vaste océan du net, Google vous guide, certes, mais il oriente aussi vos choix, sélectionne des contenus sans que vous vous en rendiez compte. Est-il bien raisonnable que l’accès des internautes aux documents concernant les grandes questions politiques, philosophiques, morales et sociales s’opère par la médiation d’une multinationale ? Le monopole de Google amène à s’interroger sur le respect du principe de neutralité du net, sans parler du contrôle de la NSA sur les internautes du monde entier révélé par Edward Snowden, obligeant les géants du web à communiquer leurs informations au gouvernement américain. De plus, le géant tend de plus en plus, à l’instar d’Apple, à mettre en place un écosystème vertical lui permettant de gérer tous les aspects de l’accès à l’information, de l’appareil au contenu en passant par les plateformes. Peut-on mettre en cause la pertinence des résultats Google qui, au lieu d’être objectifs, tendraient à orienter l’internaute vers les services de son propre écosystème ? En diversifiant ses activités, Google assoit son hégémonie digitale. La Commission Européenne dénonce d’ailleurs sa position dominante.
Ne vous méprenez pas. Nous n’accusons pas Google d’être le côté obscur de la Force. Seulement, il faut garder à l’esprit que vos activités quotidiennes sont influencées et surveillées par une entreprise à but lucratif. Ne jetons pas la pierre à Google : Apple, Facebook, Microsoft ont des pratiques similaires. Mais avouons qu’il est plus aisé de fermer son compte Facebook que d’échapper au réseau tentaculaire de Google.
Google addict.
Nous sommes si habitués à utiliser Google, que notre manière de naviguer est influencée par son fonctionnement. De façon inconsciente, nous formulons nos requêtes dans les moteurs de recherche comme Google nous a appris à le faire. L’outil que nous utilisons influe sur notre manière de procéder. Ainsi, nous émettons des requêtes formatées auxquels les autres moteurs de recherche ont du mal à répondre. Trouver des alternatives à Google demande un effort de votre part tant la firme de Mountain Views s’est imposée dans nos usages. Nous utilisons spontanément les services Google. Le recours systématique à ces plateformes a même une dimension affective voire addictive. Sur plusieurs forums d’internautes cherchant à se « dégoogleiser », on peut lire des phrases comme « ne pas craquer ». Le discours tient de la désintoxication, de la cure, du régime. Ne plus utiliser Google demande de la persévérance et de la volonté.
Google : l’espion qui m’aimait.
Il y a pourtant des aspects de Google auxquels, malgré vos efforts assidus, vous ne pourrez échapper. Comment vous soustraire aux AdSense, ces publicités gérées par Google et qui apparaissent sur la plupart des sites ? Google récolte des informations personnelles à chacun de vos clics et sait tout de vous. Son modèle économique repose sur la vente d’espaces publicitaires. Plus Google vous connait, plus il peut vous cibler. Google détient énormément d’informations vous concernant. Le géant s’est imposé dans notre vie privée via de multiples services. Il connaît vos recherche, lis vos mails, il sait ce que vous regardez, ce que vous aimez, où vous allez, qui sont vos amis… Avec les GoogleCar, les GoogleGlass et les objets connectés développés par la firme, cette omniscience n’est pas prête de prendre fin.
Grâce à des technologies de pointe comme des satellites ou des drones, Google garde un œil sur chaque recoin de la planète (avec une attention toute particulière pour les firmes de ces concurrents) ce qui lui assure un pouvoir colossal. La robotique, la reconnaissance faciale, la biométrie, Google investi dans le développement d’un grand nombre d’innovations. Sera-t-il à l’avenir impossible d’échapper à l’œil de Google ? Le slogan de la firme est « Don’t be evil » (Ne soyez pas malveillant). Espérons que Google applique ce motto et soit effectivement une société bienveillante car sa toute puissance a de quoi inquiéter.
Conclusion.
Nous ne saurions vous proposer un pack « anti-Google » clés en mains avec des systèmes alternatifs pour chaque service Google. C’est à vous d’adapter vos usages à vos besoins et de trouver les solutions qui vous conviennent le plus, qu’elles soient proposées par Google ou non. En aucun cas nous ne vous invitons à vous passer de Google partiellement ou totalement. Nous nous contentons dans cet article de questionner les enjeux de la suprématie que Google exerce sur de nombreux aspects du net. Cette hégémonie pose des questions en termes de concurrence, de confidentialité, d’omniprésence mais présente également des avantages du point de vue de l’efficacité, de la richesse de contenu, de la facilité d’utilisation. A vous de peser le pour et le contre en vous interrogeant sur vos habitudes et votre vie numérique. Nous n’avons pas pour but d’encourager au boycott de la multinationale seulement de questionner nos pratiques. Utiliser ou ne pas utiliser Google, that is the question…