N’en déplaise à Bill Gates, Steve Jobs et Larry Page, ce sont des femmes qui ont posé les bases des sciences informatiques. Dans les années 50, au temps des premiers ordinateurs, la programmation informatique était un domaine dominé par les femmes. En effet, développer un programme n’était, à l’époque, pas considéré comme une tâche particulièrement intellectuelle. Les mathématiciennes sont alors au premier rang et initient les principales avancées de l’informatique. En France dans les années 60, des femmes sont responsables des ordinateurs du CNRS et les premières thèses en informatiques sont soutenues par des doctorantes. Aujourd’hui encore, le web compte des figures féminines influentes qui façonnent le monde des nouvelles technologies. Laissez nous vous présenter 10 femmes qui ont changé l’informatique et sans qui votre ordinateur ne serait pas ce qu’il est.
1. Ada Lovelace.
Britannique. 1815-1852.
Ada Lovelace est la fille du poète anglais Lord Byron. Elle se passionne très tôt pour les mathématiques. En 1833, elle rencontre Charles Babbage, le concepteur de la Machine Analytique (un calculateur mécanique en somme). La machine effectue certains calculs de façon automatique grâce à des cartes perforées. Ada Lovelace rédige alors les premières esquisses de ce qui sera le langage informatique. Ada crée le premier algorithme de calcul de l’histoire. Elle prédit aussi l’avenir de l’informatique en imaginant les usages possibles des calculateurs automatiques. Le premier programmeur de l’histoire était donc une programmeuse !
2. Grace Hopper.
Américaine. 1906-1992.
Grace Hopper est officier dans la marine américaine. Elle fait partie de l’équipe qui conçoit l’ordinateur Harvard Mark I et collabore avec les équipes de Mark II et Mark III. Grace invente le terme « bug » qui restera dans le vocabulaire de l’informatique, après avoir trouvé un insecte dans un ordinateur (pour connaître toute l’histoire du premier bug informatique, lisez notre article). Par la suite, Grace Hopper travaille pour IBM et crée le langage COBOL en 1959 qui est un des premier langage de programmation.
3. Jean E. Sammet.
Américaine 1928.
Jean E. Sammet développe le langage informatique FORMAC en travaillant chez IBM. Elle collabore avec Grace Hopper et participe à la création du langage COBOL. Entre 1974 et 1976, Jean Sammet est présidente de la prestigieuse ACM (Association for Computing Machinery) qui rassemble les plus grands esprits des débuts des sciences de l’informatique. Jean programme l’ordinateur Speedac (Sperry Electronic Digital Automatic Computer) en entrant à la main son code en binaire, ce qui lui prend trois jours entiers.
4. Karen Spärck Jones.
Britannique. 1935-2007.
Karen Spärck Jones est une pionnière dans le domaine de l’intelligence artificielle. Elle travaille notamment sur l’analyse automatique du langage naturel. Karen dépend du laboratoire informatique de l’Université de Cambridge où elle devient professeur d’informatique. Karen Spärck Jones étudie l’occurence des mots dans un texte pour en identifier automatiquement le contenu, le genre d’algorithme à l’origine des moteurs de recherche comme Google. Son slogan : « L’informatique est trop importante pour être laissée aux hommes. »
5. Mary Allen Wilkes
Américaine. 1937.
Mary Allen Wilkes travaille pour le MIT Lincoln Laboratory sur des ordinateurs comme l’IBM 709 puis sur les premiers micro-ordinateurs comme LINC (Laboratory Instrument Computer) et TX-2. Chose étonnante, elle se lance dans la programmation après l’obtention de son diplôme de philosophie. Mary est la première personne à posséder un ordinateur à son domicile pour son usage personnel, machine qu’elle construit d’ailleurs elle-même.
6. Margaret Hamilton.
Américaine. 1938.
Margaret Hamilton est directrice du département logiciel du programme Apollo. Elle invente le terme « Software engineering » pour qualifier ses activités de programmeuse. En effet, c’est elle qui pose les premiers paradigmes de développement informatique, les fondations techniques de la conception logicielle, ce qui constitue une grande avancée pour les sciences de l’informatique. Developpeuse au MIT, Margaret conçoit les logiciels de guidage de la mission lunaire Apollo. Son programme sauve la vie des astronautes en établissant un ordre de priorité des tâches du module spatial et permettant l’alunissage de l’équipe.
7. Susan Kare.
Américaine. 1954.
Graphiste, Susan Kare crée les premières polices Apple et les premières icônes Macintosh et Windows 3.0. Elle rejoint Apple en 1982 et réalise ses premières créations sur papier millimétré, un carré représentant un pixel. Susan Kare imagine les premières interfaces des systèmes d’exploitation. Son but est de créer des icônes identifiables immédiatement dans le monde entier, ce qui lui vaut de voir ses créations récemment exposées au MoMa en tant qu’éléments majeurs de l’histoire de l’informatique et de la cyber-culture. Susan dessine par exemple la Dogcow, animal fictif en pixel art qui devient la mascotte des développeurs Macintosh.
8. Sally Floyd.
Américaine.
Sally Floyd est informaticienne à l’Université de Californie. ses travaux potent sur la congestion des réseaux informatiques. L’AMC (Association for Computing Machinery) la place dans le top 10 des informaticiens les plus brillants pour ses nombreuses contributions à la discipline. Sally Floyd a pris sa retraite en 2009.
9. Michelle Baker.
Américaine. 1957.
Michelle Baker est président de la Mozilla Foundation. Time Magazine la compte dans les 100 personnes les plus influentes de l’année 2005. Michelle est juriste, spécialisée en propriété intellectuelle, notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Elle est à l’origine de la Grace Hopper Celebration qui récompense les meilleurs informaticiennes. Michelle est une figure majeure dans le mouvement Open Source et oeuvre pour l’ouverture et l’innovation sur le web.
10. Sue Gardner.
Canadienne. 1967.
Cette journaliste a aussi été directrice générale de la Fondation Wikimédias, organisation à but non-lucratif qui comprend par exemple Wikipédia, Wikiquotes, Wikicommons, Wikinews… Elle atteint le rang 70 du classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde. Arrivée chez Wikimédias en 2007, Sue Gardner fait exploser la notoriété de l’encyclopédie collaborative en ligne. Elle annonce vouloir quitter ses fonctions de directrice générale car Sue est en désaccord avec la façon dont le web se développe. Sue Gardner défend en effet l’idée d’un internet libre et ouvert qu’elle juge actuellement menacé par la main-mise des grandes entreprises privées sur la sphère numérique.
Dans les années 80, avec l’irruption de l’informatique dans les foyers, les ordinateurs perçus comme des machines techniques et complexes sont majoritairement utilisés par des hommes. Les femmes deviennent alors minoritaires dans les sciences de l’informatique. Aujourd’hui, on compte seulement 25% de femmes dans ce domaine de compétence, et les chiffres sont de pires en pires. L’informatique est un des rare domaine à ne pas se féminiser. La faute à certains stéréotypes et clichés diffusés par les séries, le cinéma et la publicité qui présentent le spécialiste de l’informatique comme un geek, homme, mono-maniaque et taciturne qui ne correspond pas à la réalité du métier. De nombreux programmes sont mis en place pour lutter contre les idées reçues et introduire plus de femme dans l’informatique, domaine qu’elles ont brillamment contribué à construire.
C’est marrant quand on parle informatique.Les femmes apparaissent comme des cruches.Alors que bien souvent elles sont pionnières.
Susan Kare chez Apple c’est 1982, pas 1952, date à laquelle ni l’une ni l’autre n’étaient nés.
Effectivement. Nous sommes désolés pour cette énorme coquille. Merci de nous l’avoir fait remarquer.
Bonjour, au sujet de Susan Kare, vous déclarez qu' »elle rejoint Apple en 1952″, elle aurait donc rejoint ce groupe 24 ans avant sa création, et deux ans avant sa propre naissance, ce ce qui fait effectivement d’elle un Pionnière de l’extrême.