Internet.org est le projet de la firme Facebook pour démocratiser internet à travers le monde. Il s’agit de permettre aux populations reculées d’avoir un accès gratuit au web comme vous et moi. Pardon. Pas tout à fait comme vous et moi… Explications.

Partant du constat que deux tiers de la population mondiale n’a pas accès à internet (pour rappel, plus d’un dixième de la population mondiale n’a pas d’accès adéquat à l’eau potable selon l’UNICEF), Facebook s’est senti investi d’une mission quasi-humanitaire. Le réseau social a pour objectif d’amener le web jusqu’aux fins fonds des contrées défavorisées. Internet.org, sous l’égide de Facebook, réuni les géants du numérique, des associations, des communautés locales et des experts pour répandre l’internet dans le monde. Les entreprises engagées dans le projet Internet.org sont les suivantes : Ericsson, Mediatek, Opera, Samsung, Nokia et Qualcomm.

Quelles sont les principales causes de la fracture numérique mondiale ?

–          L’impossibilité de financer le matériel ou l’abonnement à internet. 1 milliard de personnes vivent avec moins d’ 1,25$ par jour, ce qui est considéré par les organisations non-gouvernementales comme le seuil d’extrème pauvreté.

–          Le réseau n’est pas disponible dans certaines régions du monde car les infrastructures ne sont pas mises en place ou peu performantes.

–          Les populations n’ont pas accès à l’éléctricité.

–          Les individus n’ont pas les connaissances nécessaires pour naviguer sur le web et maîtrisent mal les outils informatiques.

Quels sont les principaux objectifs d’Internet.org ?

Facebook a décidé de partir en croisade contre la fracture numérique, décretant que chaque individu avait droit à un accès à internet. De ce fait, Internet.org a établi une stratégie pour lutter contre les disparités mondiales face au numérique.

–          Baisser le coût des équipements informatiques en favorisant l’utilisation des smartphones.

–          Réduire le prix des abonnements pour que l’accès à internet ne soit plus empêché par des motifs économiques.

–          Fournir aux populations les plus défavorisées un accès gratuit à internet.

–          Améliorer les performances des réseaux en développant les infrastructures pour que l’accès au web n’ait plus à pâtir de la mauvaise qualité de la connexion.

–          Mettre en place un internet simplifié, facile d’utilisation et nécessitant peu de données afin que le web soit facilement accessible partout et par tous.

Un accès à internet gratuit et dans le monde entier.

Mark Zukerberg, du haut de son empire financier, a décidé d’être utile à son prochain en permettant à tout un chacun d’avoir accès à internet, et surtout à Facebook. En effet, Mark rêve d’un monde plus ouvert et plus connecté. Internet.org propose aux populations un accès gratuit au web dans les pays les plus défavorisés d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie. Il s’agit de rendre internet accessible dans les régions reculées grâce à de nouvelles technologies comme l’internet par satelite. Le projet a permis de développer des applications qui fonctionnent avec très peu de bande passante et qui nécessitent peu de mémoire disponible afin qu’elles fonctionnent là où la connexion est mauvaise et les équipements obsolètes. Le projet Internet.org a déjà été lancé en Inde, au Ghana, en Colombie, au Kenya, en Tanzanie et en Indonésie. Néanmoins, nous aurions tord de croire que la fracture numérique est l’affaire des seuls pays émergents. En France, pour cause de manque de moyens ou de compétences, 20% de la population n’a pas accès à internet.

Les contraintes du projet Internet.org

–          Proposer un internet gratuit implique la prise en charge des coûts de connexion par les entreprises partenaires du projet.

–          Développer des infrastructures et de nouvelles technologies s’avère extrêmement couteux.

–          Il est nécessaire d’informer les populations qui, ne connaissant pas le web, ne perçoivent pas ses avantages. Il faut former les usagers aux pratiques du web pour que leur méconnaissance du web ne constitue pas un obstacle à son utilisation.

–          Favoriser l’accès au matériel informatque est complexe et onéreux. C’est pour cette raison qu’Internet.org a choisi de privilégier l’accès à internet via smartphone.

L’accès à internet : une priorité mondiale.

Le nombre de personnes connectées à internet à travers le monde augment chaque année de 9%. Internet constitue une avancée majeure en termes de partage de connaissances et de collaboration. Le web 2.0. est la pierre angulaire de l’économie collaborative et de l’économie de partage qui sont en passe de changer profondément notre manière de consommer. L’échange de connaissances à échelle mondiale permet de grandes avancées dans de nombreux domaines. En ce sens, il est primordial qu’internet soit accessible aux plus démunis, afin de permettre à ces populations d’apporter leur contribution. C’est pourquoi Facebook a investi plus d’un milliard de dollars dans le projet Internet.org afin de lutter contre la fracture numérique et de permettre à chacun de participer à la construction du monde de demain. L’idée est belle, le concept a fédéré un grand nombre de structures et d’organisations… qui se sont bien vite ravisées. En effet, sous couvert de fournir l’accès aux « services essentiels », Internet.org propose surtout un internet balisé, limité et restrictif.

Un internet tronqué et très limité.

Facebook promet au monde un accès à internet certes, mais seulement une partie d’internet (c’est ici que s’arrête l’utopie. Retour à la réalité). En effet, Internet.org n’offre pas un accès à l’intégralité du web mais à des « services de base », comprenez des sites d’information, de santé, d’emploi et.. Facebook (qui, comme chacun saît, est indispensable). Les utilisateurs peuvent utiliser un service de messagerie, un moteur de recherche, Wikipédia et les réseaux sociaux. Les éléments multimedias comme les photos, les vidéos, la musique, ne sont pas accessibles pour éviter un trop grand transfert de données. Facebook s’est donc vu accusé de remettre en cause la neutralité du net en privilégiant certains services.

De Zero Facebook à Internet.org.

En 2010, le réseau social avait déjà posé les bases de ce qui deviendra Internet.org avec Zero Facebook, un site mobile qui proposait déjà une version allégée de Facebook. Comme pour Internet.org l’accès à Zero Facebook était totalement gratuit grâce à un réseau de partenaires qui prenaient en charge les coûts de connexion. Ainsi, les populations des pays émergents pouvaient avoir accès aux principales fonctionnalités de Facebook sans avoir à débourser le moindre centime. Preuve, s’il en est, que Facebook tente surtout de promouvoir l’accès à son réseau social plus qu’un accès au web en général. Internet.org est un projet plus ambitieux mais nous sommes en droit de nous demander si les intentions de Facebook à l’égard de la démocratisation du web ont réellement changé.

Une remise en cause de la neutralité du net.

L’accès au net proposé par Internet.org est beaucoup trop restreint et le choix des services proposés est laissé à la discretion de Facebook. Mark Zuckerberg offre un accès au web, certes, mais uniquement à son web, celui qu’il a pris soin de choisir. Cette sélection plus ou moins arbitraire est en totale contradiction avec la philosophie du web 2.0. qui se veut égal, non discriminatoire et participatif. Facebook se défend tant bien que mal. Selon Zuckerberg, un internet limité vaut mieux que pas d’internet du tout. « Si quelqu’un ne peut pas se payer une connexion, c’est toujours mieux d’avoir un accès [limité à internet] plutôt que pas d’accès du tout. […] L’argument de la neutralité du net ne devrait pas être utilisé pour empêcher les gens les plus désavantagés de la société d’accéder à des opportunités. » En bref, « à cheval donné on ne regarde pas les dents ». Les moins favorisés sont priés de se contenter d’un internet tronqué et de s’estimer heureux. Merci Facebook !

Un accès à Facebook plus qu’à internet.

Le projet Internet.org n’a pas le succès escompté. Zuckerberg est accusé de promouvoir l’accès à internet pour inciter les populations à s’inscrire sur son réseau social. Ainsi, même aux fins fonds de l’Inde, les gens pourront s’envoyer des Pokes. De plus cela permettrait à Facebook d’avoir accès aux informations personnelles de ces nouveaux utilisateurs du bout du monde et ainsi d’augmenter considérablement sa base de données. « C’est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler » comme dirait Mary Poppins. Zuckerberg dément, prônant que son réseau social aiderait à bâtir une « connectivité universelle ». Il s’agit de savoir si la cause, honorable, de la réduction de la fracture numérique mondiale justifie de tels procédés. Le projet Internet.org foule au pied l’essence même du web 2.0. et propose un internet limité, ethnocentré, construit selon des valeurs occidentales. Cet internet gratuit serait-il un nouvel instrument du soft-power américain ?

 

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